Ce samedi (30 septembre), le combattant de 22 ans, qui a débuté au club AMMA à Fort-de-France affronte un adversaire de taille, sept fois champion du monde de kick-boxing. Portrait. « De mon vivant, c’est la seule personne que j’ai connue qui m’a dit, je vais être combattant professionnel en MMA et je vais finir à l’UFC » Yohan Dupe, combattant semi-professionnel à l’époque et plusieurs titres à son actif a d’abord ouvert les yeux. Puis, très vite, le Martiniquais de 38 ans aujourd’hui a compris « que c’était du sérieux ». « C’était le mineur qui sortait du lot », confirme Harold Lejuste, 36 ans, qui faisait également partie des combattants à Sainte-Thérèse, au club AMMA (Antilles MMA), fondé par Christophe Violain. « Il devait avoir 15-16 ans quand il est arrivé ici car ce sport était interdit aux mineurs. Et, très vite, on l’a pris comme sparring-spartner. On l’avait choisi et il répondait présent. Et pourtant, on envoyait, sourit-il. » Christophe, lui, à, l'origine du club, a été marqué par « sa détermination ». Quand Jordan est arrivé, ils étaient deux au départ, avec un ami à lui, Andy. Deux opposés, un talentueux mais plutôt « fainéant » et un adolescent réservé, introverti « mais un bosseur émérite ». « Jordan n’était pas un prodige mais, quand il a vu qu’il avait des lacunes, il venait au club une ou deux heures avant et s’entraînait sur du shadow. Il faisait ensuite l’entraînement avec les adultes et, là où d’autres tournaient de l’œil, lui il arrivait à tenir » Yohan, Harold et Christophe sont unanimes lorsqu’ils évoquent leur « poulain ». Ce jeune qu’ils ont vu arriver et grandir, jusqu’à rejoindre le plus haut niveau. « Physiquement, il était au-dessus, niveau cardio, il était énorme, et même techniquement, il avait cette capacité de tourner facilement avec un adversaire qui avait 20 kilos de plus que lui ».
Surnommé « Le Fauve »
Au sein du club, Jordan a profité de l’activité CrossFit qui était également pratiquée pour se renforcer physiquement. « Mais, contrairement à Harold ou moi lorsque nous avons débuté, il n’arrivait pas de nulle part », assure Yohan. « Il avait déjà une pratique très soutenue des sports de combat, en judo, en karaté, en lutte et, à côté de ça, il faisait d’autres sports. Il avait quatre poumons » En 2018, il intègre l’équipe de Sainte-Thérèse pour les championnats de France à Marseille. Sans forcément briller. Encore trop timoré, trop en retenue. « Jordan, c’est vraiment quelqu’un de très gentil, qui n’est pas expressif et pas du tout dans la démonstration. Par contre, quand il rentre sur un ring, c’est limite de la schizophrénie, ce n’est plus le même. Quand il commence un combat, ce n’est plus le même, il donne tout ce qu’il y a à donner. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « Le Fauve », décrit Harold. » Un surnom qui lui a été attribué dès ses débuts au club de Fort-de-France. « Il est là, dans son coin, mais dès que ça commence, il lâche tout ».
Christophe se souvient aussi d’un jeune adolescent avec une grosse épaisseur de cheveux, avec de la barbe déjà et « une attitude un peu féline ». « Il nous a fait penser au « Fauve » des X-Men. Son surnom est resté. Après ses championnats de France ratés à Marseille, Jordan s’est montré encore plus déterminé, raconte son ancien coach. « C’était malgré tout une belle expérience qui lui a fait dire qu’il voulait être champion du monde de MMA. Je ne pouvais lui proposer un plan de carrière ici alors je l’ai orienté vers Fernand Lopez et la MMA Factory dans l’Hexagone. Je lui ai dit : « je t’envoie un diamant brut ». »
Une carrière lancée
Parti au moment du Covid, il y a environ 3 ans et arrivé dans un environnement avec des combattants déjà prêts, Jordan fait petit à petit son trou. « Il a fait les championnats de France, la Coupe de France et d’autres compétitions et a tout gagné. On l’appelait « L’étrangleur fou car il finit toujours en soumission ». » Ce samedi, c’est un autre défi qui attend le Martiniquais de 22 ans face à un adversaire redoutable : Cédric Doumbé, 7 fois champion du monde de kick-boxing. À ce stade, les deux hommes comptabilisent 4 victoires et 0 défaite en MMA.
L’issue s’annonce des plus indécises. Cédric Doumbé, l’exubérant, est un gros cogneur, pieds et poings. Jordan Zebo, l’introverti, a, pour lui, la lutte, une grosse force au sol et un cardio à toute épreuve.
Une chose est sûre :
« il n’y va pas pour figurer mais bien pour gagner », assure, confiant, Christophe. « On ne sous-estime pas l’adversaire », ajoute Harold, « mais il ne faut pas non plus que Cédric Doumbé sous-estime notre poulain »
Du côté de la Martinique en tout cas, pour les anciens du club AMMA, la simple participation de Jordan au plus haut niveau, à un combat du PFL Paris, est déjà « une immense fierté ».
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